Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Olivier Cabrera (ECE)

Ecriture, Enseignement, Course à pied

Marathon de Metz : 2h43 de plaisir chez soi et en soi

En 2015, je n’avais pas participé au marathon de Metz suite à un concours de circonstances qui m’avait catapulté à 500 km de « ma ville », en Haute-Savoie. Ce 9 octobre 2016, c’est suite à un autre concours de circonstances qui m’a "re-Metz-inisé" que j’ai décidé de m’inscrire. Sur le plan personnel, inscription commençait et rimait ainsi avec introspection. Une course pleine de sens à bien des niveaux.

Avant d’entrer dans le récit proprement dit, un résumé du bilan « chiffré et logistique », pour ceux qui n’auront, légitimement, pas la patience de tout lire.

J’ai couru suivant uniquement mes sensations, ne prenant qu’un simple chrono qui m’a permis de ne pas courir « complètement nu », et qui avait pour objectif de permettre une analyse rétrospective de ma course. Je le consultais tous les 10 km.

0 – 10 : 38’50

10 – 20 : 39’00

Semi 1 : 1h22’05

20 – 30 : 38’15

30 – 40 : 38’15

Semi 2 : 1h21’08

Marathon : 2h43’13

Noter que le negative split s’explique partiellement par ma gestion de course, mais aussi et surtout par la configuration du parcours.

Ravitaillements : 30 cL de boisson aux km 11, 22 et 32. Ni gel, ni boisson énergétique. Simplement un mix 2/3 eau – 1/3 jus de raisins, généreusement apporté par ma famille à ces différents points. Ce qui est le plus simple et le plus sain est souvent le plus efficace. Noter qu’au niveau de l’hydratation, l’apport a été suffisant en raison de la fraîcheur (5° au départ) et qu’en matière « calorique », je m’offre un maxi petit dej chaque matin ! (4 tranches de pain avec de la confiture, un œuf, de la viande, 3 pommes, du raisin, un yaourt, des noix...)

Avant-course

Mon objectif était avant tout de me faire plaisir, sur ce marathon à la fois urbain, champêtre et riche en souvenirs qu’est celui de Metz. Côté allure, je tablais sur 2h50, en espérant au fond de moi un peu mieux, mais en souhaitant ne pas souffrir avant les cinq derniers kilomètres.

Je n’ai fait aucune préparation spécifique mais, depuis début juillet et pour la première fois depuis 9 ans que je cours, je me suis forcé à courir moins (pour récupérer plus!) et à courir plus vite à l’entraînement. 5 séances par semaine (et pas 6 ou 7...) donc, dont une ou deux de fractionné court (l’ultra, ça « diéselise »...) et au moins une de 16 km environ assez rapide (15 km/h de moyenne à peu près) + une compétition de 10 km environ sur chemin ou sur route. J'ai également fait un semi-marathon (Longwy- il y a 4 semaines). J'ai ainsi enchaîné 7 courses en 7 dimanches et en y prenant beaucoup de plaisir... plaisir qui n'aura pas été étranger au résultat de ce marathon.

Parenthèse : étant cartésien sans trop l’être, je note, à la remise des dossards un numéro « symbolique ». Le 42, sur un marathon... Un signe ?

Marathon de Metz : 2h43 de plaisir chez soi et en soi

Km 0 – 10 (38’50)

C’est relativement serein que la meute des 1474 partants s’élance, sous les encouragements du public, nombreux malgré les quelques gouttes qui nous ont cueillis à froid. Porté par l’ambiance ainsi que par la longue ligne droite en faux plat descendant qui fera office de départ, je me retrouve 13e. (Oui, j’ai calculé, juste pour m’occuper l’esprit!). Je suis simplement doublé par un coureur au km 1, qui m’adresse quelques mots : « Tu vises 2h42. – [moi] Euh... Non !!! – Alors ralentis, tu vas exploser. Va derrière ! ». J’obéis, non pas en raison de cet ordre auquel je n’attribue aucune valeur, mais parce que mon souffle et mes jambes me disent que son allure est un poil trop élevée et qu’il serait malvenu de la suivre. Et je me dis également : « tiens, ce serait marrant que je te rattrape avant la fin ! » ;-) A compter de cet instant et jusqu’au bout, je serai seul.

Cette première partie de parcours est urbaine, sinueuse et composée de plusieurs portions pavées. Impossible d'y adopter une allure et une foulée régulières. Mais, surtout, le patrimoine messin (temple, cathédrale, places « célèbres », centre Pompidou...) s’y déploie dans toute sa majesté. Chaque rue, chaque croisement est riche d’une histoire qui me revient ponctuellement : d’anciens lieux de travail, mon ancien lycée (Fabert), celui où j'ai fait mes études en classes préparatoires (Georges de la Tour)... Le temps passe et le temps file... Déjà 10 km !

Km 10 – 20 (39’00)

Le km 10 signe la fin de la partie la plus urbaine du parcours et le début de longues lignes droites, hantise du marathonien... ça tombe bien, je ne me considère pas comme un marathonien et mon expérience en ultra me permet de "débrancher le cerveau" sans problème! Et courir seul, calé sur un rythme, une foulée automatisée, entouré du silence et d’ une poignée d'arbres observateurs, c’est pour moi un réel plaisir. Autour du km 12, je rattrape un coureur, déjà dans le dur et repasse donc 13e. Les premières « vraies montées » (beaucoup de faux plats jusqu’à présent) se profilent , à partir du km 15, sur route puis sur une longue piste cyclable qui ne rime pas forcément par hasard avec « interminable ». Continuant de me fier à mes sensations, je progresse avec beaucoup de plaisir à une allure qui me paraît régulière. Les encouragements sont plus diffus et concentrés dans les traversées de villages, sortes d’aiguillon d’activité qui permettent à la jauge de motivation de ne jamais redescendre.

Mi-course : tous les voyants sont au vert!

Mi-course : tous les voyants sont au vert!

Km 20 – 30 (38’15)

Je passe avec beaucoup de fraîcheur au semi. Je m’autorise à allonger la foulée, très légèrement pour ne surtout pas le payer par la suite. Cette partie est la plus rurale, mais aussi la plus ventée. Sur 1 km, nous empruntons également un chemin, qui me rappelle d’excellents souvenirs sur mes dernières courses natures... mais aussi des moins bons, sur ce même passage, lors du marathon de Metz 2014... Il m’avait paru très long. Aujourd’hui, tout continue à aller pour le mieux. Aux km 26 et 27, je double deux coureurs que j'encourage au passage et me retrouve ainsi 11e. A ce moment là, je me dis que si je ne tente pas de revenir au moins sur le 10e, le peu de côté compétiteur que j’ai au fond de moi risque de me le reprocher. Plutôt que de commencer à gérer et à calculer, je maintiens donc l’allure.

Km 30 – 40 (38’15)

Le passage du km 30 est un moment important sur marathon. Si on commence à souffrir, la suite et la fin risquent de s'apparenter à un chemin de croix. Si on se sent relativement bien, quand on se connaît parfaitement, on ne peut que bien finir, si tous les neurones de ce qui fait office de cerveau ne sont pas encore complètement grillés. Je suis, aujourd’hui et contrairement à 2014, dans le second cas. En plus, des encouragements reçus par des visages connus depuis le départ m’intiment de tenir jusqu’au bout. Et ça sent le retour à Metz... et à des passages que je connais par cœur ! Qui plus est, le soleil ose une brève incursion. Que de signes positifs! Côté course, le 10e et le 9e sont en point de mire. Je ne m'en occupe pas mais reviens assez rapidement sur eux et les double successivement... Tiens, le 9e n’est autre que le coureur qui me conseillait de lever le pied au premier km ! Je ne sais pas s’il m’a reconnu mais il propose qu’on se relaie jusqu’au bout. J’accepte et serais prêt à « le tirer » jusqu’à la fin. Mais nos allures sont trop différentes et celui qui est de dix ans environ mon aîné et qui semblait convaincu que j’allais au casse-pipe voit ces rôles supposés inversés... En début de course, je le voyais rivé sur sa montre, tenant son allure prévue initialement à la seconde près au lieu d'écouter ses sensations et son bon sens. Ils lui auraient révélé que les difficultés du début de parcours imposaient prudence et réserve...

Km 40 – arrivée

Cette fois, ça y est. On y est. Mon rêve inespéré de finir dans le top 10, celui que je n’avais même pas envisagé de descendre sous les 2h45, celui de finir en negative split... Tout ça est acquis avant même d'avoir pensé que c'était possible... Je m'autorise pour la première fois à prendre un peu de hauteur et à sortir de l'instant présent et voir le marathon dans sa globalité... Nous nous retrouvons sur mes anciennes terres d’entraînement – une longue ligne droite de 2 km le long du canal de la Moselle. Je savoure. Ces moments sont d’une intensité que des mots ne peuvent décrire... Je profite, sachant que ces instants de pur bonheur sportif ne se présentent qu’à de très rares reprises dans une vie. J’aperçois, 500 m devant moi, le 8e en grande difficulté. Je décide d’accélérer, plus pour me forcer à tout donner que dans l’espoir de le rattraper car il a alors une bonne minute d'avance sur moi. La fatigue surgit (mieux vaut tard que jamais – ou pas !) au km 41, alors que je ne suis plus qu'à quelques mètres de lui. Heureusement pour nous deux, l’arrivée est proche... et le public de plus en plus nombreux! Je tire sur les bras, mes jambes commençant à m’accuser de maltraitance... Non mais ! Dernière petite côte... Le 8e accélère, restera à cette place, 8 secondes devant moi au final et c’est parfait ainsi.

Je franchis la ligne d’arrivée comme dans un rêve... 9e en 2h43’13, soit près de 3’ de moins que mon précédent record, pourtant réalisé sur un parcours plus rapide. Je me pose quelques minutes pour récupérer des derniers hectomètres. Aux anges... le jour de la messe, à Metz...

Des lignes de vie continuent à s'imprimer de façon indélébile dans mon esprit alors que mon corps et mes jambes se relâchent totalement, leur mission accomplie.

Derniers mètres... sur le tapis rouge!

Derniers mètres... sur le tapis rouge!

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Bravo, Olivier !<br /> Superbe gestion de course et nouveau record amplement mérité :-)<br /> Tu as encore beaucoup de marge, à mon avis, sur ce format. Et ta progression, rythmée par tes CR, fait plaisir à voir et à suivre. <br /> A bientôt !<br /> Christophe
Répondre
O
Merci Christophe!<br /> De la marge, peut-être encore un peu... Beaucoup, je ne sais pas!<br /> Bon retour sur les terres de ton RP sur 10, dimanche, et à bientôt!
N
superbe course et superbe résumé, bravooooooo champion, ravi de t'avoir croisé en éclair, ce qui te va bien sur ce coup<br /> mes amitiés<br /> ps:si je mange comme toi, je démarre même pas :)
Répondre
O
Merci Nono! (Ainsi que pour ta photo!)<br /> Très heureux de t'avoir croisé également!<br /> A bientôt! <br /> PS : Je suis sûr que tu n'as même pas essayé ;)